V1, Vergeltungwaffe eins

V1, Vergeltungwaffe eins

La bombe volante Fieseler « FI-103 » ou « FZG-76 » (Flakzielgerät, engin-cible antiaérien, ou Fernzielgerät, engin-cible à longue distance) est plus connue sous le nom de V1 (Vergeltungwaffe Eins, arme de représaille n°1). Missile ailé à guidage préréglé avant le lancement, c’est avec le V2, la plus célèbre et la plus utilisée des armes nouvelles allemandes de la Seconde Guerre mondiale.

La conception de son pulsoréacteur repose sur des brevets et réalisations français datés entre 1907 et 1920 et perfectionnés en Allemagne, en particulier par l’ingénieur munichois Paul Schmidt. Ses travaux et ceux l’Argus Motorenwerke attirèrent l’attention de la Luftwaffe dès 1933-1935. En 1938, à l’issue d’un concours qui opposa le moteur de Paul Schmidt à celui d’Argus, ce dernier fut choisi par le Reichsluftfahrministerium , qui autorisa dès lors son développement industriel. Les premiers essais en vol furent effectués sur ujn biplan d’entrainement Gotha « Go-145 » le 30 avril 1941.

Le général Milch, appuyé par Göering et Albert Speer, suggéra et fit accepter la même année à Gitler le montage de ce pulsoréacteur sur un missile. Début 1942, la constructiond’un prototype commençait officiellement à Peenemünde dans le cadre du programme Vulcan, qui englobait tous les engins sans pilote mis au point pour la Luftwaffe. Le comportement en vol du V1 fut étdié sur un exemplaire non motorisé, lâché d’un bombardier Folke-Wulf FW-200 « Condor », début décembre 1942. Le 24 décembre suivant eut lieu à Peenemünde le premier tir réussi. Retardé par des difficultés de mise au point et de violents bombardements alliés sur Peenemünde et les usines de montage, la production en série ne commença que le 1 er mars 1944. L’objectif était de 8 000 missiles par mois dès octobre 1944. 

La production pour les cellules et empennages

était répartie entre les sociétés Gerherd Fieseler Flugzeugwerke G.mbh avec quatre centres de production :

-       Kassel Waldau

-       Kassel Bettenhausen

-       Kassel Rothwesten

-       Cham (Oberpealz),

Argus (pulsoréacteurs), Askania (pilote automatique, gyroscopes, système auxiliaires d’énergie et asservissement hydrauliques ou pneumatiques). 

 

Une partie des tâches assurées par les usines Fieseler de Kassel dut être ultérieurement transférée au établissements Volkswagenwerk 

G. mbh de Fallersleben avec trois centres de production :

- Vorwerk Braunschweig

- Elbe Werk Burg près de Magdeburg

- Thil Villerupt près de Longwy en France, nom de code attribué « ERZ ». 

Entre-temps, devant la recrudescence des attaques aériennes alliées sur Peenemünde et les usines de fabrication du V1, le département SS des constructions (dirigé par H. Kammler) fut chargé d’édifier dès l’automne 1943, une grande usine souterraine pour la fabrication conjointe des V1 et V2, dans les montages du Hartz, près de Nordhausen : 20 000 à 30 000 détenus des camps de concentration travaillèrent et moururent, souvent dans des conditions atroces, dans un complexe nommé Mittelwerk (« usine du milieu », qui resta ignorée des Alliés jusqu’à sa capture, intact, par la IXe armée américaine en avril 1945.

Les essais et la mise en œuvre opérationnelle des V1 étaient confiés à l’Erprobungskommando Wachtel (commando d’essai) devenu le Flakregiment 155 du colonel Watchel, dépendant du LXVe corps du général Heinemann. L’offensive des V1 sur l’Angleterre fut déclenchée le 12 juin 1944 et culmina en janvier 1945.Environ 35 000 V1 furent produits entre 1944 et mars 1945 ; 9 251 furent lancés contre l’Angleterre (dont 4 261 détruits par la DCA, les barrages de ballons ou les chasseurs anglais). 6 551 furent tirés contre Anvers. Malgré leur grande vulnérabilité due à leurs faibles performances, les V1 sont responsables de la mort de 2 500 civils anglais et obligèrent l’aviation alliée à consacrer, en juin, juillet 1944, 40 p. 100 de leur effort de bombardement sur les bases de lancement de V1 (opération Crossbow). Quelques V1 furent lancés par des bombardiers Heinkel « HE-111 », ce qui faisait passer leu rayon d’action à 400km. Mais ces tentatives furent vite arrêtées, devant les pertes subies par les avions porteurs. Une version pilotée duV1, le V1E, fut essayée, sans suite, par le célèbre pilote d’essai Hanna Reitsch. Les V1 ne purent empêcher la défaite allemande : tout au plus obligèrent les Alliés à consacrer des moyen ssubstantiels à leur destruction. De nombreux missiles réalisés après la guerre se sont inspirés du V1, mais en abandonnant le guidage préréglé au profit du guidage radio.

 

Description

Il a la forme caractéristique d’un long cylindre ressemblant à une torpille d’où son surnom de « tortille volante ». Le fuselage est constitué de tôles d’acier vissées sur la superstructure, certaines sont démontables afin de pouvoir accéder aux instruments internes. Il est surmonté d’une tuyère d’une longueur de 3,20 m qui constitue le moteur ou pulsoréacteur Argus AR 109-014-14 de 3m 20 et de 335 kg de poussée, fonctionnant à la cadence de 45 pulsations à la seconde, avec une consommation de 27 litres de carburant à la minute. Le fuselage comprend de l’avant à l’arrière : une petite hélice appelée « Loch » destinée à mesurer la distance parcourue, un système de percussion, comprenant trois fusées ou détonateurs très sensibles et instantané (2 pour l’explosion de l’engin dans sa chute verticale et un 3e de dessous, pour l’explosion en cas d’atterrissage sur le ventre), le compas magnétique ; la charge d’explosif pesant 500 kg était composé d’un mélange de trinitrobenzène, de nitrate d’ammonium et de l’exogène, ce dernier conférant une puissance brisante à la masse totale ; les dispositifs d’amorçage ; le réservoir à carburant ; deux récipients sphériques d’air comprimé destiné au fonctionnement des gyroscopes, des servomoteurs et à la mise en route du pulsoréacteur ; un système de pompe et distribution de carburant, une batterie électrique de 30 V composée de piles de 1, 5 volt, un compteur à chiffres qui réglait la distance à parcourir, le pilote automatique constitué de deux gyroscopes « ASKANIA » assurant le vol en altitude et le cap (sous contrôle de l’altimètre et du compas). Enfin le servomoteur pneumatique relayant au gouvernail de direction et aux ailerons, les directives du pilote automatique. Un V1 sur 10 était équipé d’un poste radio qui permettait de suivre l’engin dans sa chute.

La longueur est d’environ 8 m avec un diamètre de 0,82 m dans la section la plus large. Il existe plusieurs types de FZG 76. Les dimensions varient selon le modèle. Les ailes rectangulaires en font un engin monoplan et lui donnent une envergure de 5,39 m. Ces ailes sont démontables, la fixation est assurée par une barre transversale. Ce démontage des ailes permet un gain de place pour le transport et le camouflage au sol.

L’empennage est formé par une gouverne de direction et par deux ailerons latéraux visibles sous la, sortie de la tuyère. Le poids total au lancement est de 2 200 kg avec 850 kg d’explosif et 500 kg d’essence à bas indice d’octane.

 

La charge explosive

La charge emportée était de 830 kg d’explosifs qui pouvait être de deux types

-       Le FULUNG 52A 

-       le TRIALEN SPRENGSTROFF 105* plus puissant que le précédent suite à l’adjonction de poudre d’aluminium doublant quasiment l’effet de souffle.

*Avec 830 kg de TRIALEN SPRENGSTROFF 105, l’effet destructeur était presque identique à celui causé par une bombe de 2 000 kg.

 

Caractéristiques (varies selon les versions)

 

Poids total : 2 200 kg

Poids carburant : 500 à 600 kg

Poids explosif : 850 kg

Envergure : 5 m

Longueur hors tout : 8 m

Propulsion : pulsoréacteur Argus « As 109-014 »

Vitesse : entre 550 à 600 km/h

Altitude de vol : entre 600 et 1 000 m

Portée : 210 km (lancement terrestre)

             400 km (lancement par avion)

Consommation : 27 l/mn

Nombres construits : 32 600 FZG 76 ou V1

 

Sources :

Armes secrètes et ouvrages mystérieux de Dunkerque à Cherbourg Les V1 et les V2 Tomme 2 Myrone N.Cuich

Les sites V1 en Flandres et Artois Laurent Bailleul

Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale Editions Larousse