Tortoise A39

TORTOISE A39

Dans un mémorandum daté du 23 avril 1943, l’Armée britannique explique les grandes lignes d’un véhicule d’assaut lourd destiné à opérer dans un environnement antichar dense. Le 5 février 1944, les usines Nuffield Mechanisation and Aero Ltd conçoivent un canon automoteur qui prend la désignation de Heavy Assault Tank A39 Tortoise. Le blindage du masque du tube et du poste du conducteur mesure 279 mm et est incliné à 75°, tandis que la partie frontale de la casemate moulée atteint les 228 mm avec un profil rond. Protégé par des « jupes » de 101 mm, la suspension à barre de torsion, associées à des bogies disposés face à face assure une bonne répartition des masses, si bien que l’A39 n’est crédité que de 0,84 kg/cm2, tout en présentant une bonne résistance aux mines. Toutefois, cette technique sophistiquée n’impose pas moins de 200 points de graissage pour fonctionner correctement. Issu de l’aéronautique, son moteur 12 cylindres Meteor de 600 chevaux lui donne un rapport puissance/poids de 7,57 chevaux par tonne. De ce fait la vitesse maximale ne dépasse pas les 20km/h sur route et les 10 km/h, tandis que l’autonomie se limite à, respectivement, 73 et 41 kilomètres. Son tube de 32 pounder (94 mm) tire un projectile APCBC (Armoured –Piercing Capped Ballistic Capped ) affichant une vitesse initiale de 920m/s. D’un poids de 14,5 kg, ce dernier perce la partie avant d’un Panzer IV Panther à 869 mètres. Bien que son role soit en priorité la lutte antichar, l’engin peut également prendre à partie les fortifications, puisque la dotation en munitions compte 20 obus explosifs sur les 60 disponibles. Une première commande de 25 exemplaires est aussitôt passée et, à l’été 1945, un prototype est envoyé en Allemagne pour y être testé. Au final, 6 machines verront le jour.
Ce véritable monstre concrétisait le triomphe des théories plaçant le blindage au-dessus de toute autre considération ; Il s’agissait en fait d’un canon d’assaut, mais même dans ce rôle, son dérisoire champs de tir en azimut 20° de part et d’autre, eût réduit son efficacité à bien peu de chose . Le tortoise n’aurait jamais pu passer pour un char de bataille dans n’importe quelle acceptation du terme, et l’on se demande par quel miracle, il serait arrivé sur le terrain, sa masse lui interdisant l’emploi des transporteurs de chars connus en 1942. Certes, son 32-livres, tout simplement une nouvelle désignation pour la pièce antiaérienne de 37 pouces – était une arme très puissante capable de pénétrer tous les blindages de l’époque. Monté sur un vrai châssis de char, ce qui n’avait vraiment rien d’impossible, il eût semé la terreur parmi tous ces adversaires. Sur le Tortoise, il n’avait pas une chance.
Toute l’affaire ne représentait qu’un gaspillage d’énergie et de talent mais l’effort de guerre britannique n’en fut pas exagérément affecté. Caractéristiques :
Equipage : 7 hommes, Poids : 79,2 t
Longueur : 10,06 m, Largeur : 3,91 m, Hauteur : 3,05 m
Blindage
Caisse : de 225 mm à 101 m. Superstructure : de 279 mm à 152 mm
Mobilité
Vitesse maximale : Sur route 20km/h, Tout terrain : 10 km/h
Autonomie
Sur route : 73 km, Tout terrain : 41 km
Franchissement
Pente : 30°. Obstacle vertical : 0,91 m, Tranchée : 2,44 m
Armement
Principal : 1 canon Ordnance QF 32 Pdr Mark I (94 mm) Munitions : 60 projectiles
Secondaire : 3 mitrailleuses Besa de 7,92 mm, Munitions : 7500 projectiles
Motorisation
Moteur 12 cylindres en V essence Rolls-Royce Meteor, Puissance 600cv à 2500t/mn
Sources :
TNT hors serie n°11 les chars lourds de la Seconde Guerre mondiale projets et prototypes
Encyclopédie des blindés Elsevier Christopher F.Foss