Char lourd ARL 44

Char lourd ARL 44

 

Caractéristiques :

Type : char d’assaut

Service : octobre 1951- novembre 1953

Utilisateur : France

 

Production

Concepteur : Schneider (tourelle)

Année de conception : Novembre 1944 au printemps 1947

Constructeur : Atelier de Construction de Rueil (ARL)

Production : 1947-1950

Exemplaires produits : 60

 

Equipage : 5 (conducteur, aide-conducteur, pointeur, chargeur, chef de char)

Longueur : 7,15 m (caisse) 10,52 m (avec le canon pointé à 12 h)

Largeur : 3,4 m

Hauteur : 3 m

Masse au combat : 50 tonnes

 

Blindage : 20 à 120 mm de blindage en acier laminé (caisse)

                10 à 110 mm de blindage en acier moulé et acier laminé (tourelle)

 

Armement 

Armement principal : 1 canon de 90 mm SA 45L/65 

Munitions : 37 obus

Armement secondaire : deux mitrailleuses MAC31 Chatellerault de 7,5 mm

 

Mobilité

Moteur : Maybach HL 230

Puissance : 600 cv (441 kW) à 2 500 tr/mn

Transmission : boîte de vitesse manuelle à 8 rapports (6 av et 2 ar) avec une direction à double différentiel

Suspension :  Ressorts et amortisseurs oléo-pneumatiques

Vitesse sur Route : 37,25 km/h, 7,3 km/h en marche arrière

Vitesse tout-terrain : 25 km/h

Puissance massique : 12 ch/tonne

Réservoir : 1 372 l

Autonomie : 300 km

Autonomie tout-terrain : 150 km

 

Lors de la Libération du territoire en 1944, l’industrie française et, en particulier celle de l’armement, est à reconstruire. Locaux détruits par les bombardements, parcs de machines-outils par l’envahisseur, manque de personnels victimes du STO et de matières premières, semblent vouloir interdire, pour longtemps, un redressement du tissu industriel national.

Toutefois, le gouvernement provisoire de la République présidé par le général de Gaulle, entend bien relancer l’industrie française au plus vite et, en particulier, celle de l’armement.

On veut que l’armée française soit rééquipée rapidement de chars d’origine française surtout pour se doter d’un char lourd aussi puissant que le fameux Tigre, que les Alliés ne peuvent nous fournir. Compte-tenu de l’état de l’industrie, ce projet semble irréalisable,,si ce n’est la volonté « gaullienne » de relever le pays.

 

Le char de l’ombre

Comme il faut faire vite, on ne peut lancer une étude complète pour un char entièrement nouveau. En 1944, la DEFA (direction des études et fabrications d’armement) à peine reconstituée, prévoit les premières livraisons fin 1945. La DEFA s’appuie sur les études clandestines pour un char lourd, menées par l’équipe de l’ingénieur principal de l’armement (IPA) Lavirotte -responsable- du char B1 Bis, le char le plus puissant sur le front ouest à cette époque.

Après l’armistice de juin 1940, les Allemands interdissent l’emploi des chars à l’armée d’Armistice métropolitaine et la continuation des études alors en cours. Mais le général Weygand, ministre de la Guerre du gouvernement du maréchal Pétain, est persuadé que les Allemands ne pourront pas gagner la guerre et que les Alliés, finalement, débarqueront en France. Aussi, plusieurs équipes de techniciens sous couvert d’organismes « civils » se mettent au travail pour préparer l’avenir. C’est-à-dire la reprise du combat. Ils vont étudier clandestinement les armements du futur char que l’on mettra en fabrication dès la libération du territoire.

Sous couvert d’un bureau d’études pour matériels ferroviaires, financé par le service technique de l’Etat -Vichy-, l’équipe de l’IPA Lavirotte lance l’étude d’un char de 30 tonnes dont les différents éléments mécaniques proviennent des prototypes des chars B40 (40 tonnes) et B1 Ter (35 tonnes) qui se trouvent en zone libre , aux Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) près de Marseille. Parfaitement conscient que le futur char ne pourra utiliser que des éléments mécaniques existants et l’outillage disponibles pour sa fabrication, l’IPA Lavirotte part du char B1 Bis, mais la caisse sera en plaques d’acier laminées et soudées comme sur le projet de char lourd des FCM de 1939, ce qui lui donnera un faux air de Panther. Suite à l’expérience des combats de mai-juin 1940, l’armement principal du char sera sous tourelle et constitué d’un canon de 75 mm long souhaité par le chef d’escadrons Demetz, futur « père spirituel » de l’AMX 13. Comme on ne peut réaliser un prototype, les différents composants mécaniques seront testés sur des engins civils comme un chasse-neige, un trolleybus, un tracteur de travaux publics ou un locotracteur.

 

L’ARL 44

Malgré l’invasion de la zone libre en novembre 1942, les études continuent et à la Libération, les liasses de plans sont prêtes pour passer à l’exécution. Le char lourd qui utilise des techniques « anciennes » est alors considéré comme un char « de transition » en attendant un nouveau char lourd qui sera l’AMX 50. L’affaire va être menées rondement car le premier char de série est présenté à Bourges en mars 1946. C’est toutefois trop tard pour participer à la campagne d’Allemagne. Aussi, la commande initiale de 600 chars est-elle ramenée à 60. Le char équipé d’une tourelle armée du 75 mm SA modèle 1944 (version clandestine et améliorée du 75 mm long modèle 1939) va être modifié avec une nouvelle tourelle armée d’un canon de 90 mm modèle 1945 à très grande vitesse initiale. En fait, la tourelle était déjà à l’étude pour armer le char de forteresse de 140 tonnes. Le canon est, lui aussi, une étude clandestine réalisée à partir du canon de 90 mm, modèle 1940 de DCA. Mais la nouvelle tourelle qui est motorisée par le moteur de la petite Simca 5, et l’épaisseur accrue du blindage qui passe de 6à mm à 120 mm, porte la masse de l’engin à 50 tonnes au lieu des 30 tonnes prévues initialement. De ce fait le moteur envisagé, Talbot de 450cv ou Panhard de 400cv, n’a plus assez de puissance. Une mission, française en Allemagne découvre alors le moteur Maybach HL 230 de 575cv destiné au Tigre Royal, qui convient parfaitement et qui sera installé sur les ARL 44 de série. Ce char étudié dans la clandestinité a finalement été équipé avec un moteur provenant de l’ex-occupant.

La guerre terminée, l’ARL 44 ne servira qu’à relancer la fabrication des chars en France. Le manque de tôle de blindage ralentira les livraisons et on devra se résoudre à récupérer celles du croiseur Dunkerque sabordé à Toulon en Novembre 1942. 


L’Inspection de l’Arme Blindée et de la Cavalerie estime le char très inférieur aux engins construits par les belligérants en 1944. L’ARL 44 est déclassé et dénommé chasseur de char de 48 t.
La fabrication se poursuit néanmoins avec des retards considérables provoqués par les nombreuses restrictions qui paralysent l’industrie.
Le premier matériel de tête de série sort au printemps 1947 et débute une longue période d’expérimentation qui constate de nombreuses déficiences. Les essais se poursuivent jusqu’à la fin de 1950 sans que tous les problèmes aient pu être résolus.
Les premiers chars sont réceptionnés avec difficulté à partir de janvier 1951, le matériel n’est toujours pas au point. Les premiers chars sont mis en service en octobre 1951 au 503e régiment de chars de combat. Les incidents s’accumulent touchant principalement la boîte de vitesse, l’embrayage, le bandage des poulies de tension, l’entraînement des ventilateurs. Le verrouillage de culasse n’est pas au point, le tir est interdit !
En conséquence, dès décembre 1951, l’ARL 44 est retiré provisoirement du service. Les coûts et délais qu’entraîneraient les améliorations nécessaires amènent finalement à l’abandon du char en 1952.

Le char de l’ombre n’apparaîtra qu’une seule fois en pleine lumière, le 14 juillet 1951, lorsque dix exemplaires descendront les Champs-Elysées.

 

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/ARL_44

https://www.chars-francais.net/2015/index.php/liste-chronologique/de-1945-a-1990?task=view&id=678

ECPA