10,5cm K18 Panzer Selbestfahrlafette IVa DICKER MAX

10,5cm K18 Panzer Selbestfahrlafette IVa DICKER MAX

Fin 1938, le WaPrüf 6 (bureau de l’armement dédié aux matériels cuirasses) lance le  projet d’un blindé capable d’affronter les fortifications de la ligne « Maginot ». L’engin doit être armé d’une pièce d’artillerie tirant un obus explosif suffisamment puissant pour détruire un bunker . Krupp est sollicité pour mettre au point un 10,5cm K L/52 Panzer Selbestfahrlafette (versuchsgeschütz). En 1939, la firme est en mesure de présenter une maquette en bois. Les autorités allemandes donnent leur accord au projet.  Krupp se penche alors sur la réalisation de prototypes mais les ingénieurs se heurtent aux mensurations et au recul de la pièce de 10,5cm. Des caractéristiques qui ne  facilitent pas son intégration sur un châssis chenillé. Les spécifications originales ne peuvent être respectées. Krupp, tout comme le WaPrüf 6 est obligé de faire des compromis en termes de mobilité et de blindage. Le 25 avril 1939, deux  études sont enfin présentées. La première retient un moteur placé sous la culasse de 10,5cm. Cet emplacement permet de réduire de 800 mm le gabarit. Toutefois, cette disposition entraîne de nombreux inconvénients. Ainsi, les radiateurs mal ventilés ne peuvent empêcher des surchauffes. Les fumées, le bruit et la chaleur du moteur remontent aussi dans le compartiment de combat. De plus, l’accessibilité mécanique est réduite. La deuxième proposition installe le bloc propulseur plus sur l’arrière, supprimant les inconvénients de l’autre implantation. En outre, la hauteur de l’engin est réduite et le centre de gravité est placé plus bas. Le WaPrüf 6 préfère toutefois la première solution, misant sur une longueur moins importante. Une suspension à barre de torsion à 6 galets est adoptée. Celle-ci rehausse toutefois la silhouette générale. En ce qui concerne la motorisation, les ingénieurs penchent pour un léger 6 cylindres, malgré le fait que celui-ci ait une hauteur de 10 centimètres à un 12 cylindre en V. La pièce de 10,5cm est validée. Cette arme fait preuve d’une grande polyvalence en utilisant de nombreuses munitions différentes . Le 15 mai 1939, le nouveau cahier des charges est rédigé. Toutefois, les solutions techniques choisies augmentent sensiblement la hauteur de la caisse. Pour limiter l’encombrement   du bloc propulseur, le 12 cylindres HL 120 est considéré comme la solution la plus adaptée. De plus,, sa puissance supérieure augmenterait la mobilité de l’engin. Les ingénieurs de Krupp pensent qu’une puissance de 10 chevaux par tonne est trop faible pour assurer une accélération suffisante. Toutefois, son surplus de poids de 200 kilogrammes pénalise à la fois la répartition du poids et la masse de l’engin. Malgré sa taille plus importante, le léger 6 cylindres HL 166 développant 180 chevaux à 3 200 tours /minute est proposé. Cette valse –hésitation laisse planer un doute sur le modèle réellement installé dans le Selbestfahrlafette. Certaines sources citent le HH66, d’autres le HL 120 TRM. Suiteà ces réflexions, le cahier des charges en enfin finalisé. Le  Panzerselbestfahrlafette IV (Pz.Sfl.IV, 10cm) repose sur un  châssis de Panzer IV dont il reprend la suspension à lame de ressort et  les huits roues. L’engin doit être armé d’un 10cm Kanone. Il est prévu que celui-ci soit installé sur le châssis de manière à ce que la partie arrière demeure libre pour les membres de l’équipage. La casemate est laissée ouverte sur le dessus. Le blindage avant est favorisé au détriment des côtés. Le 31 mars 1941, les deux prototypes sont présentés à Hitler. La ligne « Maginot » n’étant plus qu’un lointain souvenir, les deux blindés sont affectés à la Panzerjäger-Abteilung 521, en prévision de la prise de Gibraltar, puis participent avec succès aux combats contre les chars soviétiques. La production en série, prévue au printemps 1942, est toutefois abandonnée car des matériels plus modernes et armés du 8,8cm entre en service.

En 1941, le Dicker Max est considéré comme un Pazerjäger lourd. Il est en effet jugé insuffisamment blindé pour assurer son rôle de Schartenbrecker  ou destructeur de bunker. Le 10,5cm K18 auf  Panzer Selbestfahrlafette Iva est armé d’un canon 10,5cm K 18 fabriqué par Krupp. Le tube de 52 calibres a un débattement latéral de 8° à gauche et à droite. Son obus perforant est capable de percer 111 mm de blindage à 2 000 mètres sous une incidence de 30°. Pour réduire le recul (de 1 000 à 800 mm), le tube est équipé d’un frein de bouche à double déflecteur. Faute de place, la dotation en munitions se limite à 26 projectiles (25 selon d’autres sources). Le châssis est celui d’un Panzer IV Ausf. A modifié. La superstructure est supprimée pour faire place à un glacis fortement incliné. Une casemate fixe est placée sur l’arrière. Pour améliorer leur résistance, les plaques de blindage adoptent un profil incliné. Embarquée dans le compartiment de combat, une mitrailleuse MG-34 de 7,92mm assure la défense rapprochée de l’engin. 

La fin des Dicker Max

Le premier Dicker Max disparait en 1941 suite à l'explosion d'une gargousse de 105mm. Les raisons de cette détonation demeurent floues et les rapports de l'époque évoquent une surchauffe dans l'habitacle combiné à une température extérieure élevée. Conséquence directe de cet incendie, le blindé est totalement détruit.

Le second Dicker Max combat jusqu'à la fin 1941, puis il est renvoyé au sein des usines Krupp en vue de réparations lourdes. Après quelques modifications au niveau de la suspension, il repart sur le front de l'Est. Son équipage retrouve son unité d'origine au 1er juin 1942. Subséquemment, il participe à l'offensive d'été de la Wehrmacht en direction de Stalingrad. Sa trace se perd en novembre 1942, lorsqu'il n'est plus porté sur les registres de son unité, signifiant par là même sa disparition au combat.

Les deux Dicker Max n'ont cependant aucune incidence sur le déroulement de la campagne de l'Est. Il est pourtant permis de se demander, si disponible en quantité suffisante dès juin 1941, le Dicker Max n'aurait pas évité les déconvenues face aux T-34/76. Est-ce là une occasion manquée pour l'armée allemande de posséder un matériel performant dès le début de l'invasion de l'URSS ?

 

 

10,5cm K18 Auf Panzer Selbestfahrlafette Iv a

Catégorie : Panzerjäger

Constructeur : Krupp-Gruson

Exemplaire produit : 2

Equipage : 5

Caractéristiques

Poids : 25 tonnes

Longueur : 7,52 m

Largeur : 2,84 m

Hauteur : 3,25 m

Protection

Blindage supérieur

Frontal : 50 mm

Latéral : 20 mm

Blindage châssis

Frontal : 50 mm

Latéral : 20 mm

Blindage masque du canon : 50 mm

Mobilité

Vitesse maximale

Sur route : 40 km/h

Tout terrain : nc

autonomie

Sur route : 200 km

Tout terrain : nc

Pente : nc

Obstacle vertical : nc

Tranchée : nc

Armement

Principal : 10,5cm K18 L/52

Munitions : 26 obus

Secondaire : 1 MG-34 de 7,92 mm

Munitions : nc

Motorisation

Moteur : Maybach HL 120TRM

Puissance : 300cv à 3 000 tr/mn

Radio : Fug 5f

  

Sources : TNT Trucks & Tank hors-série  Jagdpanzer & Panzerjäger n°2  juin/juillet 2009