Sherman "Tulipe"

Sherman « Tulipe »

Il s’agit d’une variante un peu hétéroclite du Sherman. Cette transformation relève plus d’une bidouille de campagne que le fruit d’une étude approfondie visant à augmenter la puissance de feu du Sherman. La première conversion, si l’on peut appeler cela une conversion, naît en Normandie durant l’été 1944. Un équipage de char appartenant au Coldstream Guard a l’idée d’utiliser des roquettes air/sol HE 60 lb (explosives) ou 30 lb SAP (perforantes). Ce type de munitions n’étant pas disponible car réservé à aux chasseurs bombardiers Typhoon pour leur attaques contre les chars allemands, les tankistes se les procurent en subtilisant ni plus ni moins des roquettes dans un parc du 2nd Tactical Air Force. Avec l’accord de leur Squadron Leader, on envisage d’installer ces engins sur un Sherman. L’anecdote veut que lors des premiers engagements du Tulip, un char Tigre aurait été endommagé à proximité d’une petite ferme. Février 1945, Les Britanniques sont sur les berges du Rhin. L’idée est reprise et un atelier de campagne du Coldstream équipe les Sherman prévus pour l’opération de Mars 1945. Le dispositif est simple, il s’agit d’un rail pratiquement identique à celui que l’on trouve sous les ailes des Typhoon, soutenu par deux supports eux même fixés par boulonnage à la tourelle du Sherman. Le char peut augmenter ainsi sa puissance de feu par l’emport de deux roquettes. Ultérieurement, on verra des chars emportant 4 roquettes. Un système de réglage des plus sommaires permet deux possibilités d’utilisation des roquettes. Avec une précision des plus relatives, elles peuvent exploser à 360 mètres ou à 720 mètres. La mise à feu est électrique et le courant est fourni par les batteries du char. C’est le chef de char qui commande le feu à l’aide de deux interrupteurs installés dans le tourelleau. Conçue à l’origine pour les attaques air/sol, la roquette, malgré son effet dévastateur, manque cruellement de précision. De plus, son utilisation est des plus anecdotiques par la chute au sol au " décollage ". Heureusement, la puissance de son propulseur éloignait l’engin de son point de départ. Les traumatismes psychologiques dus à ses effets terrifiants en zones boisées ou contre des bâtiments en durs comme des bunkers ou des immeubles aideront les équipages de blindés à faire fuir l’ennemi hors de ses retranchements. Cependant, la roquette reste sensibles aux tirs des armes légères et plusieurs blindés seront détruits ou sérieusement endommagés par l’explosion de roquettes touchées par des tirs d’armes automatiques ou d’impact d’obus perforants. De plus, la roquette 30 IL ne pouvait détruire un char. Conçue pour un tir air/sol, sa puissance était insuffisante pour perforer les parties les plus épaisses des chars ennemis.