1940 : Retour des réfugiés (1)

 

Le retour sous la croix gammée

 

22 juin 1940, l’armistice est signée.

 

Rien n’est spécifié sur le statut de l’Alsace Lorraine. Ces deux provinces restent sous la souveraineté française.

 

Les autorités nazies « invitent » les populations alsaciennes et lorraines, déplacées en 1939, à revenir dans leurs terres natales.

 

Ce retour sera pour ces populations une entrée dans un enfer qui durera quatre longues années. Annexée de fait au mépris des accords signés à Wiesbaden, l’Alsace subira une germanisation à outrance dont les aspects les plus brutaux seront l’incorporation de force des « Malgré-nous » dans la Wehrmacht et la SS, une répression féroce avec arrestations et déportations au camp du Struthof où la torture, si ce n’était la mort étaient le lot quotidien des malheureux prisonniers. 

Le retour des réfugiés en gare de Strasbourg.

En gare de Strasbourg, les réfugiés sont accueillis par les dignitaires nazis. Ils se nomment Schmitt, directeur de la propagande du Gau Alsace-Bade ; Roehm, représentant le Gauleiter Wagner ; le docteur Frisch, Kreisleiter ; Keppi, chargé du retour des réfugiés ; Bihler, chef de la propagande.Un dignitaire nazi en uniforme rutilant, du haut d’une estrade pavoisée d’un immense drapeau  à croix gammée, harangue les réfugiés. Le début de la nazification commence.

Pour les réfugiés qui descendent du train, c’est le choc.  Estrade décorée d’une immense croix gammée, dignitaires nazis en uniforme, fanfare de la Wehrmacht et banderoles font comprendre que l’Alsace est devenue une province allemande. La mise au pas commence.

Cette banderole de propagande est placée sous un abri de quai en gare de Strasbourg.  Le texte est sans ambiguïté « Strasbourg l’allemande vous souhaite la bienvenue ».

Fanfare et salut hitlérien pour souhaiter un bon retour aux réfugiés. La propagande nazie ne recule devant aucun stratagème pour amadouer les Alsaciens.

 

Les visages sont graves. Assommés de fatigue par un long trajet de retour en wagons  à bestiaux, les Alsaciens ne réalisent pas que les mâchoires de l’étau nazi commencent à se refermer sur eux. Pour exemple, les enfants devront apprendre l’allemand à l’école. Parler français deviendra un délit. Les prénoms et les noms seront germanisés. Au deuxième plan, le civil portant un béret ne sait pas encore que le fait de porter ce type de coiffure sera bientôt un délit passible d’un séjour en camps de concentration.

Sur le quai pavoisé aux couleurs nazies, les Alsaciens, incrédules, écoutent le premier discours de propagande éructé par un dignitaire.

Les discours des officiels nazis sont terminés. Les Alsaciens peuvent rejoindre les moyens de transport qui les ramèneront dans leurs villes et villages d’origine.  Des soldats de la Wehrmacht ont été réquisitionnés pour porter les lourdes valises. Dans quelques semaines, ce seront ces mêmes soldats qui aideront le SD et la gestapo à faire régner la terreur.

La gare est déjà à l’heure allemande pour preuve la signalétique en écriture gothique.

« La patrie allemande vous salue »
Cette banderole fut placée à la sortie de la gare de Strasbourg. Pour les Alsaciens, lisant ce texte, plus de doute possible, ils sont intégrés au « Grand Reich ». Aujourd’hui, par an, 15 millions de voyageurs transitent en gare de Strasbourg. Bien peu d‘entre eux ont idée du drame humain qui s’est déroulé sur ces quais un certain été 1940.

 

Sources :
La libération de Strasbourg Jacques Granier Georges Foessel Alphonse Irjud Edition la nue bleue
La libération de Strasbourg et de l’Alsace Jean-Pierre Bernier Edition Lavauzelle
Bataille d’Alsace Edition Contades