Raumpanzer Tiger (P)

Raumpanzer Tiger (P)

 

 

 

En juillet 1942, les forces allemandes entreprennent de conquérir la ville soviétique de Stalingrad. Une opération bien plus difficile que prévu car l’Armée rouge combat pour chaque immeuble, chaque pâté de maisons fait l’objet d’une lutte féroce. Les pertes montent alors en flèche et la Wehrmacht, bien mal adaptée au combat urbain, cherche à se doter de machines spécialisées pour venir à bout des défenses russes. 

Le combat urbain

Détruire un immeuble ou une maison en quelques coups demande une puissance de feu considérable. Si l’obusier sIG 33 de 15cm est parfaitement apte à détruire une habitation individuelle grâce à son obus explosif de 48 kg, il se révèle un peu juste face aux constructions bétonnées typique de l’architecture stalinienne. Un temps durant, un obusier de 21 cm ou des mortiers lourds sont évoqués, mais ces projets sont classés sans suite et une solution moins conventionnelle va émerger.

Un bélier pour la ville

Les ingénieurs allemands vont alors se servir de l’expérience du terrain pour élaborer de novelles solutions techniques. Ainsi, certains chefs de chars n’hésitent pas à se servir de leur engin comme d’un bélier chenillé. Une fois la tourelle tournée vers l’arrière pour protéger le canon , le pilote défonce les abris qui servent de points retranchés aux soldats soviétiques. Aussi efficace soit-elle, cette méthode oblige l’équipage à s’approcher très près de son objectif, avec tous les risques que cela comporte face à des canons antichars de 76,2 mm tout à fait capable de venir à bout d’un char moyen germanique.

En outre, ébranler une habitation n’est pas sans conséquence sur le blindé, qui peur être endommagé dans l’opération. Un Panzer IV de 22 tonnes n’est en effet pas conçu pour jouer le rôle de bélier. Pour détruire une habitation, la masse d’un char moyen est suffisante ; mais c’est une autre paire de manches face à un immeuble. Reprenant l’idée, les ingénieurs imaginent un engin suffisamment lourd et caparaçonné pour abattre toutes les habitations qui se dresseraient devant lui. L’avant de la carapace en forme d’éperon est destiné à saper les murs des immeubles ennemis à leur base, entraînant ainsi leur effondrement partiel ou total ainsi que l’enfouissement de leurs occupants.

Raumpanzer Tiger (P)

Le 22 novembre 1942, Hitler approuve la mise au point d’un prototype reprenant le châssis du VK. 45.02 (P)doté d’une motorisation hybride (2 blocs thermiques Typ 101 de 15 litres de cylindrée, développant 310cv, ces deux nouveaux V10 Steyer sont couplés avec deux générateurs Siemens de 275 kilowatts), le concurrent malheureux du Tigerprogramm, Henschel a en effet remporté le marché du Tiger I, mais Porsche a fait construire, anticipant sa victoire, en avance une centaine de châssis de son char lourd. Une partie de ces derniers est recyclée en chasseurs de chars Panzerjäger Tiger (P) Ferdinand, mais une autre utilisation est envisagée pour quelques exemplaires. L’idée est de développer une machine capable de détruire une habitation ou un obstacle par la seule force de sa masse.

Le 7 décembre, les plans du destructeur d’immeubles et de barricades sont prêts. Séduit par l’engin, le Führerdécide, le 5 janvier 1943, de lancer la production de trois Rammtiger destinés à opérer sur l’Ostfront (front de l’Est). La tourelle est remplacée par une carapace blindée enveloppante en forme de V renversé, destinée à faire glisser les gravats, l’étrave à l’avant devant « s’enfoncer » dans l’obstacle à détruire. Le blindage est estimé à 50 mm en frontal et sur le haut et 30 mm en latéral.

Aussi désigné Raumpanzer Tiger (P), l’engin est armé d’une mitrailleuse MG 34 de 7,92 mm pour la défense rapprochée. Être aussi près d’une position tenue par l’infanterie ennemie est-il est vrai une opération des plus risquées. L’équipage se compose d’un pilote et de l’opérateur de la mitrailleuse. Des trappes à l’avant et à l’arrière permettent aux hommes d’entrer dans le compartiment de combat. En mai 1943, 3 coques sont fabriquées et, en août, 3 Rammtiger auraient été assemblés. Leur sort final reste inconnu, et il est fort probable, s’ils ont été finalisés, qu’ils n’aient jamais quitté l’enceinte des usines de Nibelungenwerke.

Il ressort de ces travaux que l’idée du bélier ne répond pas aux besoins de l’Armée  allemande, la capacité d’un tel engin à venir à bout d’une construction de plusieurs étages n’est en effet pas vraiment établie. Le futur destructeur d’immeubles doit être en effet d’une conception plus « classique » et s’appuyer, avant tout, sur un puissant armement. Une fois les canons de 15cm écartés, les ingénieurs allemands se penchent sur des pièces de plus fort calibre, donnant alors naissance au 38CM RW61 aud Sturm (Panzer) Mörser Tiger, plus connu sous la désignation de Stürmtiger.

 

Caractéristiques

Catégorie : Char de déblaiement

Constructeur : Porsche GmbH

Exemplaire produit : 3 (non confirmé)

Equipage : 2

Morphologie 

Poids : estimé entre 53 et 59 tonnes

Longueur : 8, 25 m

Largeur : 3,60 m

Hauteur : 2,55 m

Protection

Blindage châssis

Frontal : 200 mm

Latéral : 80 mm

Blindage : 50 – 30 mm

Mobilité

Vitesse maximale

Sur route : 30 km/h

Tout terrain : 10 km/h

Autonomie

Sur route : 150 km

Tout-terrain : 90 km

Pente : 22°

Obstacle vertical : 0,78 m

Tranchée : 2,50 m

Gué : 1,00 m

Armement :

Principal : 1 MG 34 de 7,92 mm

Munitions : 600 projectiles 

Motorisation

Moteur : 2 x  blocs thermique Typ 101  V 10 Steyer de 15 litres de cylindrée

Puissance : 2 x 310 cv à 3 000 tr/mn 

 

Sources : TnT Trucks &Tank Hors-série n°33 Projets & prototypes de l’Armée allemande tome 2 novembre / décembre 2019