LVT-(4) Water Buffalo

 LVT-(4) Water Buffalo

Landing Vehicle Tracked MK.4, LVT-(4)

Amphibious APC (1943-45)

Genèse du LVT-(4)

Le LVT-(4) a été conçu en 1943 sur la base du LVT-2, mais fut le premier à comporter une rampe arrière pour le déchargement du personnel et des marchandises. Il a également été le plus produit de tous les LVT pendant la guerre. Ce seul fait constitue une avancée remarquable, essentiellement dictée par les premiers rapports de bataille sur les pertes subies par les troupes de débarquement. Les balbutiements d’un début de production générales avec des LVT-1 LVT-2 sur base d’une partie cargo en position centrale laissent apparaitre, lors des premières opérations navales, de grosses difficultés. 

Débarquer du matériel sur les plages du Pacifique sans moyen de manutention fut un véritable calvaire. Utilisé à défaut d’autre chose comme véhicule de débarquement, la configuration cargo rendait les hommes très vulnérables aux tirs ennemis lors du passage par-dessus bord sans compter un saut de plus de 2,5 mètres pour atteindre le sol. 

Pour y parvenir, il a été complètement remodelé. Basé sur une coque à ossature autoportante et chenilles latérales, le LVT-(4) est composé principalement de trois compartiments, un poste de pilotage très exigu en position avant, un compartiment motorisation en partie centrale et un volume cargo arrière fermé par une rampe d’accès mobile comme un pont levis. 

C’est le positionnement du moteur de l'arrière vers l'arrière de la cabine de conduite qui a permis d'obtenir une plus grande zone de chargement et donc de disposer de suffisamment d'espace pour accueillir une rampe de chargement arrière complète, et beaucoup plus de troupes (de 16 à 30 par rapport au LVT-2). La rampe de déchargement rabattable permettait d’accueillir un petit véhicule (type jeep).

La configuration générale avec le moteur en position centrale dans un compartiment relativement mal aéré, engendrait surtout des problèmes de surchauffe qui handicapait l’engin avec un surcroit d’énormes difficultés d’entretien. 

Cette configuration arrière permettait également de mieux protéger les forces de débarquement et de faciliter le chargement. Une autre particularité était d'avoir des Wash Vanes (boîtes en nid d'abeille au-dessus des voies) qui forcent l'eau à sortir, poussée par les auges doubles lorsqu'ils sont en mouvement. 

La philosophie reste la même, disposer de véhicule de transport multifonctionnels, pouvant correctement naviguer, avec la capacité de se jouer des difficultés spécifiques que sont les barrières de coraux , le sable fin des plages et de se mouvoir sur sol dur. Deux trappes de toiture permettaient à l’équipage d’accéder au poste de pilotage.

Dans les premières versions, le conducteur et son aide pouvaient voir à travers deux grandes vitres pare-balles. Toutefois ; lors des premières utilisations, il fut constaté un nombre important de LVT mis hors service par des impacts de projectiles au niveau du poste de pilotage. La proéminence, hors de l’eau, de ce dernier en faisait une cible parfaite, Pour remédier à ce problème, une cabine blindée est installée, la fenêtre de l’aide conducteur est supprimée ainsi que les deux hublots latéraux, celle du chauffeur devint un volet blindé. Les volets des trappes de toiture reçoivent un périscope sous globe pastique. La tôle de blindage avant passe à une épaisseur de 1,3 cm, les côtés et la toiture à 0,64cm.

Au fil de la production, un troisième type de poste pilotage vit le jour, tout en gardant son blindage, une mitrailleuse de calibre .30 montée sur rotule est installée. Servi par le co-pilote, elle permet d’accroitre la puissance de feu de l’engin. Le poste de pilotage des engins de la quatrième déclinaison reçut une nouvelle amélioration. Le chauffeur perd son périscope et son volet blindé. Ils sont remplacés par trois blocs de vision. Le co-pilote retrouve également une vision externe directe en plus de son périscope par le remplacement d’un autre bloc de vison latéral droit.

Motorisation et transmission

Le Continental W670-9A de 7 cylindres (+ /- 10. 950 cm3 développant 250 cv à 2 400 tr/mn) entraînait les pignons avant par un arbre d'hélice très court, ainsi qu'un différentiel contrôlé et une unité de transmission finale. La transmission Torsilastic utilisait une boîte de vitesses synchromesh de type Spicer à 5 rapports avant et 1 rapport arrière. Il transmettait sa puissance aux deux chenilles métalliques. L’engin reposait, de chaque côté, à 11 roues de bogie à suspensions indépendantes et deux rouleaux de renvoi qui guident la chenille réalisée à l’aide de 146 éléments porteurs dont 73 munis chacun de deux dents de guidance sur la face interne et d’un double godet démontable sur la face externe. Ce sont ces derniers qui assurent la propulsion du LVT dans l’eau et qui lui donnent une bonne accroche sur terrain meuble.Le réglage était assuré par la roue tendeuse et le pignon, suspendus à 11 roues de bogie indépendantes et deux rouleaux de renvoi. 

Prévu pour des utilisations bien définies, la mécanique permet au véhicule un déplacement à une vitesse de 30km /h sur sol et une propulsion aquatique de 12 km/h. Avec une réserve de 530 litres de carburant, Le LVT-(4) a une autonomie de 160 km sur eau et 240 km sur terre ferme.

Véritable vaisseau indépendant de toutes contraintes, le LVT-(4) est équipé en matériels de tous genres, ce qui lui donne une autonomie parfaite en de multiples configurations, dont par exemple le positionnement de 11 jerricans.

Armement 

L'armement en fait aussi un parfait engin de première ligne. Il était constitué de deux mitrailleuses lourdes calibre .50 M2 de 12,7 mm et de deux mitrailleuses calibre .30 M1919A4 de 7,62 mm avec ou sans masque sur quatre affûts latéraux, Elles sont servies par l'escouade transportée, Dans la dernière version, une mitrailleuse calibre .30 montée sur rotule arme la cabine sur avant, elle est servie par le copilote.

Cet armement était complété par une dotation individuelle d’une mitraillette calibre .45, deux carabines .30M1 et 24 grenades à mains.

Pour un véhicule de transport, la dotation en munitions était tout aussi impressionnante que l’armement .5 000 coups cal. 7,62 mm, 2 000 coups cal. 12,7 mm et 200 cartouches pour les carabines.

Blindage

Conçu au départ comme véhicule de transport, le LVT-4 est souvent utilisé comme engin d’assaut. Pour cela, sa coque peut être renforcée à l’aide de plaques blindées additionnelles. Ce kit consiste en une armure protégeant le nez de la coque et quatre tôles à fixer sur les caissons de chenille, une de chaque côté du poste de pilotage et une pour chaque emplacement des réservoirs de carburant. Le côté négatif de cet ajout de blindage de cabine et de renforcement du blindage fait augmenter le poids du véhicule. La capacité de fret transporté est diminuée de =/- 1 360 kg. Sur le terrain, les équipages renforçaient le blindage par des moyens de fortune qui recouvraient la totalité des flancs de l’engin.

Le LVT-4 en opération

Plus de 8300 exemplaires ont été produits de décembre 1943 jusqu'à la fin de la guerre par la Food Machinery Corp. à Lakeland, Floride, Riverside & San Jose, Californie, la Graham-Paige Motor Corp. à Detroit, Michigan et la St Louis Car Co. à St Louis, Missouri. 

Les LVT-4 ont été utilisés pour la première fois à Peleliu avec des LVT-2. Ils sont aussi utilisés en juin 1944 sur l’île de Saipan où 215 d’entre eux sont engagés. Cette opération a montré à quel point les efforts des concepteurs ont abouti à une machine bien meilleure, utile, bien protégée et fiable. 

Il s’en suit la reconquête de l’île de Guam et de Tinian en juillet avec entre-autre le déploiement de 381 LVT-4, puis toutes les étapes du Pacifique en passant par Iwo-Jima et Okinawa en 1945.

En Europe, les premiers LVT-4 sont utilisés en Italie le long du fleuve PO. En Hollande, leur particularité amphibie est pleinement utilisée, lors de la bataille de l’Escaut dans de vastes étendues de basse terre inondés : d’octobre à novembre 1944, la « 1st Canadian Army » a la lourde tâche de libérer l’estuaire de l’Escaut pour permettre aux alliés d’utiliser le port d’Anvers pris pratiquement intact quelques semaines auparavant. La traversée du Rhin en mars 1945 par les « 2nd Btritish Army » et 39th US Army » est un autre exemple de l’utilisation des LVT-4 sur le vieux continent, ils traverseront bien d’autre cours d’eau et iront jusqu’à l’Elbe. 

Un certain nombre de LVT-4 (5 selon les sources) a été fournis par prêt-bail à l'Armée rouge qui a utilisé ces véhicules lors de l'assaut des rives ouest de l'Oder et du Danube, bien défendues.

Variantes

La 1ère Division de la Marine a testé avant l'opération trois LVT-4 équipés des nouveaux lance-flammes Mk 1 de la Marine, un quatrième LVT assurant l'approvisionnement. Cette unité a été intégré au 1er Amphibian Tractor Battalion. Le lance-flammes Navy Mk 1 fut conçu sur le modèle du Ronson canadien et sa portée était de 75 mètres avec un mélange d'essence et d'huile et jusqu'à 150 mètres avec du napalm, avec une durée de 55 à 80 secondes (pour le napalm).

Une autre version, équipée d’un dérouleur de tapis stabilisateur pour terrain souple fut testée. Certains LVT-4 furent transformé en véhicule sanitaire, en véhicule de commandement ou radio. Le volume cargo disponible permettait ce type de transformation. 

Les Américains construisirent un prototype de lanceurs de roquettes multiples. Il prit la dénomination de Launcher, Rockets, Multiples 7.2-Inch T54. Le but était de créer un véhicule de démolition d’obstacle encombrant les plages de débarquement. Le manque de précision de l’ensemble fit que ce véhicule ne connut pas de développement opérationnel. Certains LVT-4 furent converti en véhicule de soutien d’artillerie avec l’installation de l’Howitzer 105 mm M2. L’avantage était de pouvoir débarquer la pièce d’artillerie. La caisse cargo permettait un emport de munitions immédiatement disponible. 

Caractéristiques 

Catégorie : Véhicule de débarquement à chenille

Constructeur : Food Machinery Corp (FMC), Riverside & San Jose, Graham-Paire et St. Louis Car

Exemplaires produits : 8 348 exemplaires (tous modèles confondus)

Equipage : 3 (chef d’engin, conducteur et aide conducteur) + 7

Morphologie 

Poids à vide (sans blindage) : 12 440 kg

Charge utile : 4 086 kg

Poids total : 16 526 kg

Longueur : 7,95 m

Largeur : 3,25 m

Hauteur : 2,50 m

Blindage : entre 6 et 14 mm

Mobilité

Vitesse maximale

Sur sol : 30 km/h

Su eau : 12 km/h

Réservoirs : 530 litres

Autonomie

Sur sol : 240 km

Sur eau : 160 km

Pente : 31°

Obstacle vertical : 0,91 m

Tranchée : 1,50

Virage

Sur terre : 9 m

Sur eau : 15m

Armement

Principal : 2 mitrailleuses .50 de 12,7 mm

Munitions : 2 000 projectiles

Secondaire : 2 ou 3 mitrailleuses .30 de 7,62 mm (selon le modèle)

Munitions : 5 000 projectiles de 7,62 mm

1 mitraillette calibre .45

Munitions : 450 projectiles

2 carabines .30 M1

Munitions : 200 projectiles

24 grenades à main

Motorisation

Moteur : Continental essence de 7 cylindres type W-670-9A de 10.950 cc3

Puissance : 250 cv à 2 400 tr /mn

Radio : oui

 

Sources : Véhicules militaires magazine n° 39 juin/juillet 2011 Didier Andres.

Les véhicules de l’US Army 1939/1945 E.P.A. JM. Boniface JG. Jeudy.

TNT Trucks&Tanks Hors-série n°32 Les matériels de l’armée américaines juillet /août 2019