11cv Citroën Traction
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11cv Citroën Traction
Si dans la mémoire populaire, la JEEP est le véhicule de la Liberté, un autre véhicule mythique représente à lui seul, l’exode, la défaite, l’occupation, la Résistance et la Libération. Ce véhicule est la « traction avant ». Mais pourquoi la « traction avant » ? En 1934, la firme Citroën, malgré le succès de la « Rosalie » est au bord de la faillite. Le 18 avril 1934, elle présente un nouveau modèle automobile dont la silhouette aérodynamique le différencie de tous ses contemporains, mais, l’innovation ne s’arrête pas là, le véhicule est équipé d’une caisse monocoque et surtout d’une «traction avant ». Elle n’est non pas tirée, mais bien propulsée. Malgré des problèmes de jeunesse dus à la conception très rapide et le manque de test de mise au point, le véhicule rencontre un vif succès. Sa production s’étalera de 1934 à 1957 et atteindra 760 000 exemplaires tous modèles confondus (longue, cabriolet et coupé).
La « Traction » dans la Seconde Guerre.
Les performances et la polyvalence du véhicule font qu’il est rapidement remarqué par le haut commandement français. La « traction » est mobilisée comme véhicule de liaison et d’état-major. Mai 1940, l’armée allemande passe à l’offensive. En quelques semaines, les armées françaises sont défaites entraînant un exode massif des populations. Les civils les plus riches qui possèdent un véhicule, le chargent de tous les biens familiaux et tentent de s’enfuir vers le sud. Les bas-côtés des routes de France verront ainsi des « traction avant » chargées de malles et de matelas, abandonnées par leurs propriétaires pour cause de pannes ou de manque de carburant. Les militaires français eux aussi abandonneront un immense parc automobile dans lequel on trouvera aussi de nombreuses « traction ». L’occupant sera lui aussi séduit par ce véhicule qui rapidement adoptera la livrée de l’ennemi. Certains officiers utiliseront le véhicule dans sa livrée civile. Un véhicule rencontrera un vif succès, ce sera la version Torpédo de la 11cv qui deviendra la coqueluche des « as » et autres enfants chéris du régime. Avec l’extension du conflit, la « traction » sera présente sur tous les fronts. Des sables de Libye aux immenses steppes de Russie, qu’elle soit utilisée par la Wehrmacht, la Luftwaffe, la Kriegsmarine ou La Waffen SS, elle adoptera toutes les livrées possibles de l’armée allemande. La « traction » sera aussi le véhicule de prédilection de la sinistre Gestapo. Combien de résistants seront enlevés de force sur la voie publique par ces sinistres hommes en imperméable de cuir noir et chapeau. Crissements de pneus, claquements de portière, cris gutturaux et la victime disparaissait vers son lieu de torture et de supplice. Première station d’un long calvaire qui au mieux se terminait dans un camp de concentration.
La Résistance française, elle aussi, a utilisé massivement la « traction ». Le véhicule subit des modifications dues à la pénurie de carburant par adaptation du « gazogène ». La nuit, de nombreuses « traction » sillonneront les chemins de France pour véhiculer des agents vers le terrain où se posera un « Lysander » ou vers le terrain ou seront parachutés armes, radios et matériels de sabotage. C’était le temps de la peur, de la délation, des agents doubles, de la milice et de la collaboration, mais aussi le temps de l’Espoir.
Eté 1944, Les armées alliées ont débarqué. La Résistance sort de l’ombre et ce sera souvent une « traction » civile ou récupérée sur l’occupant qui annoncera l’arrivée des libérateurs. Les « traction » arboraient d’immenses « Croix de Lorraine » , de « V » de la Victoire et de sigles FFI peints directement à la peinture blanche sur la carrosserie. Les occupants, armés de Sten, portaient un brassard bleu blanc rouge avec la mention FFI. Hélas, la « Traction » sera aussi le véhicule lié à la face sombre de la libération. Il servira à la chasse aux collaborateurs. Chasse qui sera aussi prétexte aux règlements de comptes personnels avec de nombreux abus. Nombre d’exécutions sommaires permettront à « certains résistants de la 25e heure » de justifier d’un passé de résistant et de s’octroyer une légitimité dans la libération du territoire.